
Le printemps, le retour du soleil, des beaux jours et de la positivité… et les sombres nuages de la récession. Dans le monde du trading et au-delà, on en parle beaucoup ces temps-ci.
Rappelons qu’une récession est synonyme d’une économie qui se porte mal depuis plusieurs trimestres. Elle se caractérise par une baisse du Produit Intérieur Brut (PIB), c’est-à-dire une diminution des biens et des services produits dans le pays, et conduit généralement les entreprises à supprimer des emplois, et parfois même à déposer le bilan. Pourquoi les médias parlent-ils beaucoup de récession en ce moment ? La France est-elle concernée par ce risque ? A la bourse de New York, certains investisseurs la craignent en tout cas, et perdent confiance en la croissance des entreprises. Il faut dire que le contexte mondial est très défavorable à l’économie. Et il y a trois principales causes à cela.
Le durcissement de la politique monétaire de la FED pourrait ralentir l’économie
Lors de la pandémie de covid-19, les nombreux confinements ont entrainé une chute drastique de la consommation et des investissements. Pour éviter un effondrement de l’activité économique, la banque centrale des États-Unis (FED) a immédiatement réagi. Elle a injecté massivement de l’argent sur le marché. Cette démarche a permis de maintenir la stabilité des prix, et de préserver l’emploi.
Toutefois, depuis que ces objectifs sont atteints, la FED a commencé à ralentir ses aides, afin d’empêcher une trop forte inflation et une baisse du pouvoir d’achat. Elle a également relevé ses taux directeurs d’un demi-point le 4 mai 2022. La FED espère ainsi diminuer le nombre d’emprunts réalisés par les particuliers, et donc baisser la demande. Si cette initiative permet de freiner la hausse des prix, cela va de pair avec un ralentissement de l’économie.
La guerre en Ukraine est un facteur de récession
Depuis que la Russie est en guerre contre l’Ukraine, l’activité économique de ces deux pays a chuté. Le PIB de l’Ukraine devrait plonger de 35% en 2022, et celui de la Russie de 8,5%. En raison de l’interdépendance des pays, c’est l’économie mondiale qui est menacée. Dans la zone euro par exemple, le Fonds Monétaire International anticipe une croissance 2,8% au lieu des 4,3% prévus en octobre.
Les confinements en Chine affectent l’économie mondiale
Si le port du masque n’est plus obligatoire dans la plupart des lieux en France, la situation est bien différente en Chine, où les confinements sont encore en vigueur. Et lorsque l’économie chinoise est paralysée, c’est le monde entier qui retient son souffle. Un grand nombre de secteurs industriels, et notamment dans le domaine de l’électronique, pourraient en être pénalisés.
Pas de consensus sur la question de la récession
Et pourtant, malgré certains cours de bourse qui varient, le président de la FED Jérôme Powell affirme qu’il y a de « bonnes chances » de réussir un « atterrissage en douceur » pour l’économie américaine. Il juge que les taux de la FED seront suffisamment élevés pour réduire l’inflation, mais pas trop, pour ne pas entrer en récession. L’enjeu pour la banque centrale est donc de lâcher la pédale d’accélérateur, sans trop appuyer sur le frein, pour créer les conditions d’un ralentissement en douceur. Un véritable jeu d’équilibriste.
Le journal économique La Tribune ne partage pas l’avis de Jérôme Powell. Selon ses journalistes, un atterrissage en douceur est « hautement improbable ». Leurs recherches montrent que dans l’histoire, les périodes de forte inflation et de faible chômage ont presque toutes été suivies de périodes de récession.
Pour sa part, la France est-elle concernée par cette menace ?
La France risque-t-elle la récession ?
Selon l’Insee, la France ne risque pas de récession pour le moment. L’institut de la statistique envisage plutôt une croissance modeste au deuxième trimestre 2022, avec une hausse du PIB de 0,25%, après un premier trimestre où la croissance était nulle. Toutefois, l’Insee émet des réserves et prévient que le contexte mondial pourrait démentir ses prévisions.
Le magazine Capital, à l’inverse, affirme que la France est « déjà retombée en récession ». La forte inflation, notamment sur l’énergie et les céréales en raison de la guerre en Ukraine, freine la consommation des ménages. Et selon les journalistes de Capital, cela va encore s’accroître au second semestre. Or, la régression de la consommation entraine celle du PIB et donc la récession.
Et si la stagflation était pire encore que la récession ?
Face à la crise économique actuelle, trois scénarios sont envisageables. Le premier, optimiste, est celui d’un atterrissage en douceur. Autrement dit, la hausse des taux des banques permettrait de réduire l’inflation, et ralentirait un peu la croissance, sans en inverser la tendance. Le second scénario, pessimiste, est celui de la récession. Dans ce cas, les taux des banques permettraient de réduire l’inflation, mais le freinage serait si fort que cela casserait la croissance.
Le troisième scénario, intermédiaire, est celui de la stagflation. Et cette situation pourrait bien être encore plus dangereuse que la récession. La stagflation, contraction de stagnation et inflation, correspond à une croissance qui stagne, et une inflation qui se poursuit. Cela signifierait que les efforts des banques ne suffiraient pas à réduire l’inflation, tandis que leurs taux freineraient énormément la croissance. Autrement dit, l’économie serait doublement perdante.