Il semble bien loin le rallye du palladium de mars 2022, planant au-dessus des 3000 dollars l’once… Le cours du métal précieux glisse sur les marchés avec un cours avoisinant les 1544 dollars, soit une chute de presque de moitié ! Que s’est-il passé ?
Le palladium, métal star, boosté par le secteur automobile
Ces dernières années la demande en palladium, métal rare et précieux, a été exponentielle, notamment dans l’industrie automobile et les secteurs de l’électronique. Le métal, qui n’est plus que rarement utilisé en joaillerie, est très recherché pour les catalyseurs des pots d’échappement des voitures à essence, réduisant les émissions de gaz polluants. L’industrie automobile absorberait à elle seule environ 80% de la production mondiale de palladium pour les besoins des dispositions anti-pollution. Progressivement, la demande en palladium a dépassé l’offre, contribuant à la hausse des cours.
Dans le sillage de cette demande accrue, les performances du palladium ont battu des records en bourse. En 2019, le métal a connu une hausse annuelle de plus de 80% ! Les experts en matières premières prédisaient timidement que son cours pouvait monter à 3000 dollars. Qu’à cela ne tienne, le 7 mars 2022, le palladium dépassait les 3000 dollars l’once. En 2009, il se négociait autour de 250 dollars ! Le palladium est plus cher que l’or. Dès décembre 2019, il atteignait un pallier encore inégalé par le métal doré, devenant l’un des métaux les plus performants de ces dernières années.
Les véhicules électriques à batterie changent la donne
A l’heure où nous écrivons ces lignes, le cours du palladium a perdu presque 50%, atteignant son plus bas depuis mai 2021. Comment expliquer cette chute ?
La progression des parts de marché des véhicules électriques n’est pas étrangère à la baisse drastique du cours ; le palladium n’étant pas utilisé dans leur construction. Comme le rappelait le quotidien Les Echos dès 2020, les consignes réglementaires ont également changé : « La Chine impose désormais aux constructeurs de vendre au moins 10 % de voitures électriques (une norme environnementale qui est aussi un outil de politique industrielle, ajusté en fonction des capacités des producteurs nationaux) ».
Mais encore ? Le palladium semble subir les effets de la concurrence avec un métal frère, le platine, considéré comme une alternative moins coûteuse pour la composition des pots catalytiques. La soudaine baisse de la demande dans l’industrie automobile pèse sérieusement sur le cours du métal. Certaines prédictions voient le palladium tomber à 1300$.
L’impact de la guerre en Ukraine sur les cours
L’impact de la guerre en Ukraine joue également un rôle dans ce gap des cours. Après le début de l’offensive russe, le cours du palladium est monté en flèche, atteignant son fameux pic des 3000 dollars l’once. D’après RFI, « La Russie est l’un des plus grands producteurs de ce métal, elle assure environ 40% de l’offre mondiale. Les complications logistiques provoquées par les sanctions occidentales contre Moscou ont perturbé son acheminement, ce qui a poussé les prix vers le haut ».
En dépit des inquiétudes des investisseurs, le palladium n’a pas souffert des sanctions occidentales contre la Russie et il n’y a pas eu de rupture d’approvisionnement. L’offre a été maintenue et, naturellement, les cours ont baissé sensiblement pour revenir à des niveaux d’avant-conflit.
Quelles perspectives pour le palladium ?
Difficile d’évaluer quelle sera la trajectoire probable du prix de ce métal industriel précieux. Les experts restent, dans l’ensemble, confiants, estimant que la demande devrait rester soutenue. L’offre serait même susceptible d’augmenter avec le retour à la production d’une grande mine sud-africaine. L’Afrique du Sud est l’un des principaux producteurs de palladium et dispose, par conséquent, d’une influence non négligeable sur le prix du métal.
Le palladium pourrait bien se réinventer et bénéficier à d’autres filières d’avenir. RFI cite d’ailleurs les propos d’un spécialiste des métaux précieux qui explique que « le palladium a de beaux jours devant lui. Le métal précieux est utilisé dans la purification de l’hydrogène, une filière d’avenir qui bénéficie d’importants investissements dans les pays industrialisés ».
