Paradoxe : alors que les craintes de pénuries se sont accumulées ces derniers mois, les cours du blé ont déjà baissé. Explications.
Pourquoi le prix du blé a monté ?
La hausse des cours du blé est en partie liée à la guerre en Ukraine. Au-delà du drame humain sur place, les opinions publiques ont redécouvert ce que l’expression « Ukraine, grenier à grain » signifie. Cela veut dire que l’Ukraine, mais aussi la Russie, sont de très importants fournisseurs de blé. Leurs productions alimentent les marchés du monde entier, pour les hommes, comme pour le bétail.
Or, le conflit entre la Russie et l’Ukraine a bien sûr perturbé l’ensemble de la chaîne de production du blé. Pire encore : le conflit a aussi perturbé les exportations elles-mêmes, lorsque le blé, déjà produit, ne pas sortir du pays. En effet, la précieuse matière première s’est trouvée au cœur des tensions, avec un blocus de la mer Noire imposée par la Russie. La mer Noire est une route maritime d’acheminement du blé vers l’extérieur. Les occidentaux pensent déjà à des solutions d’escortes militaires pour protéger les bateaux ukrainiens, mais craignent un conflit direct avec l’armée russe.
Le 22 juillet, La Russie et l’Ukraine ont signé un accord « d’Istanbul » pour rouvrir les exportations de céréales des ports ukrainiens de la mer Noire. Accord fragile : quelques heures plus tard, des missiles de croisière russes ont été tirés sur les installations céréalières du port d’Odessa.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie – deux pays qui assurent notamment 30% des exportations mondiales de blé – a conduit à une flambée des cours des céréales et des huiles, frappant durement le continent africain très dépendant de ces pays pour son approvisionnement #AFP pic.twitter.com/lGGNjcjrTe
— Agence France-Presse (@afpfr) July 24, 2022
D’autres États producteurs de blé s’en mêlent
Face au blé qui pourrait se raréfier, d’autres pays exportateurs de blé, comme l’Inde, envisage pour leur part de cesser leurs propres exportations. Les autorités veulent anticiper d’éventuelles pénuries. L’idée est de subvenir aux besoins des populations locales. Des incertitudes pèsent encore sur la durée de cette mesure, en fonction de l’évolution de la situation.
Blé et météo
Pour ne rien arranger, la sècheresse est de retour. En France par exemple, les productions de blés pourraient aussi être affectées par une météo très défavorables, c’est-à-dire bien trop sèches pour assurer une production standard.
Le ministère américain de l’Agriculture a publié un rapport cet été qui anticipe une « diminution des disponibilités mondiales de blé », attribuée surtout à la sécheresse en Europe de l’Ouest, mais aussi bien sûr à la baisse de la production agricole en Ukraine. Guerres et réchauffement climatique sont donc deux facteurs scrutés de près par les analystes financiers.
Un fort pic des prix…mais une surprise !
Les conséquences en bourse ? Les cours du blé ont tout d’abord atteint des records historiques après le déclenchement de la guerre. Et pourtant…les prix ont grimpé, mais ils sont redescendus illico, effaçant presque la totalité du pic de hausse, comme on peut le voir sur les graphiques de la vidéo.
Pourquoi cette baisse ? En partie parce que les marchés et les acteurs économiques sont plus réactifs que l’on imagine. Certains industriels pensent déjà à des substituts au blé, pour poursuivre leurs activités à des tarifs équivalents.
En conclusion, l’élément à retenir cet été est que l’offre pourrait diminuer…mais la demande aussi. Ce rééquilibrage sera-t-il durable fin 2022 et en 2023 ?